La dernière tempête – Ragnar Jonasson

Note : 4 sur 5.

A Reykjavík, l’enquêtrice Hulda Hermansdóttir fuit sa famille dysfonctionnelle en se jetant à corps perdu dans le travail. Sa fille Dimma est en perpétuelle cris, et les relations avec son mari se sont dégradées. A l’autre bout du pays, un couple est l’otage d’une terrible tempête de neige quand un homme vient frapper à leur porte et réclame l’asile pour la nuit. Son discours est décousu, son regard, indéchiffrable. Pour tous, ces quelques jours avant Noël vont tout faire basculer. La famille de Hulda explose. Et dans la petite ferme, deux mois après les faits, on a retrouvé deux cadavres. Un double meurtre sur lequel Hulda va se jeter pour tenter d’oublier son chagrin et sa colère.

Avis

Troisième et dernier volet de la trilogie consacrée à Hulda Hermansdóttir, La dernière tempête se déroule 10 ans avant L’ile au secret et 25 ans avant La dame de Reykjavík. Ce qui fait l’originalité de cette série puisque le lecteur qui lit les romans dans l’ordre de leur parution déplie l’histoire d’Hulda à l’envers, en partant de sa dernière enquête.

Dans ce roman, plusieurs histoires se déroulent en parallèle. Celle d’Hulda qui préfère se jeter à corps perdu dans le travail plutôt que d’affronter la difficile vie de famille; celle d’une jeune fille partie à l’aventure et qui ne donne plus signe de vie et, enfin, celle du couple Erla et Einar qui accueillent un inconnu qui se dit perdu dans l’étendue neigeuse en cette veille de Noël. Mais, sans que l’on s’y attende, les enquêtes se télescopent et la tragédie personnelle vécue par Hulda vient interférer avec son travail.

Le personnage de l’enquêtrice est très bien rendu, entre son job qui l’oblige à se montrer forte et à s’imposer comme seule femme parmi ses collègues masculins, sa vie de femme mise entre parenthèses et son rôle de mère qu’elle n’arrive pas à assumer, on la sent particulièrement vulnérable.

La dernière tempête peut se lire indépendamment des deux autres livres de la série. Pour ma part, après deux ans passés loin de ces personnages, j’avoue que je ne me souviens plus bien de certains détails…

Comme toujours dans les romans nordiques, la nature est un personnage à part entière de ce roman. Les lieux évoqués sont isolés du monde, surtout l’hiver où les routes sont impraticables, dans le noir quasi permanent. En lisant, on imagine sans peine la beauté des paysages enneigés, le calme et la nature sauvage. Mais ces décors majestueux peuvent aussi devenir des prisons, cachant une grande solitude et un isolement forcé qui peut faire perdre la raison.

Autre thème majeur de ce roman, les relations familiales sont au cœur de l’intrigue. Un père qui cherche désespérément sa fille disparue, une mère qui n’accepte pas le décès de son enfant ou Hulda qui ne voit pas la détresse de sa fille, au point de passer à côté d’un fait essentiel. Les relations parents-enfants ne sont pas toujours simples, même si elles sont empreintes de beaucoup d’amour.

Une lecture divertissante tant l’auteur prend plaisir à jouer avec nos nerfs. L’occasion aussi de découvrir les traditions de Noël en Islande, notamment celle de s’offrir des livres.


La dernière tempête – Ragnar Jonasson – Editions de la Martinière – 2021

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  3. Sótt
  4. Vík
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  1. La dame de Reykjavik
  2. L’île au secret
  3. La dernière tempête
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