Tueur hors série – Marc Jolivet

Quand vous lirez cette lettre, je serai mort.
Moi, Paul Balder, je suis le Grêlé.
J’ai commis plusieurs crimes, mais tous uniques.
Rien de vulgaire comme ceux d’un Michel Fourniret,
cet imbécile qui est mort en prison, ou d’abrutis qui mettent leurs meurtres en ligne, comme Luka Rocco Magnotta.
Ce sont de banals tueurs en série.
Moi, je suis… hors série !

Avis

Je découvre l’auteur Marc Jolivet, par ailleurs humoriste, chanteur et acteur, à travers ce roman.

Tueur hors série évoque la vie de Paul Balder dit Le Grêlé. En réalité, ce roman est librement inspiré de la vie de François Vérove, violeur et tueur en série au visage grêlé qui a sévit en France dans les années 80. Jamais inquiété, ce n’est qu’en 2021 qu’il entre dans le viseur des enquêteurs, qui s’apprêtent à le confondre grâce aux traces ADN qu’il a laissées. Se sachant acculé, il se suicide en laissant une lettre expliquant ses gestes et exprimant ses regrets.

Ce roman place le lecteur dans la tête du tueur à travers la lecture de son journal intime. Il y livre ses pensées les plus secrètes et y déverse toute sa colère. Depuis les humiliations vécues pendant sa scolarité en raison des cicatrices qui constellent son visage aux meurtres qu’il ne peut s’empêcher de commettre, en passant par son éviction de la gendarmerie à cheval pour maltraitance animale. Dans ses écrits, il tente d’analyser ses pulsions incontrôlables, s’invente des histoires dans lesquelles il tue et viole des femmes, raconte son mal-être. En lisant ce journal, on est horrifié de découvrir ses pensées et surtout son besoin de contrôler autrui, d’avoir du pouvoir sur l’autre.

Mais, dans un même temps, un narrateur extérieur évoque sa vie quotidienne à la gendarmerie, son duo avec Gérard, les enquêtes qui leur sont confiées mais aussi une enfance difficile « sauvée » par une passion pour la littérature classique et les biographies. Et cette partie nous le rend presque sympathique, ou en tous cas nous le fait paraître plus humain.

On assiste ici aux aveux d’un ancien criminel qui a le sentiment d’être supérieur à tous les autres tueurs en série. Il fanfaronne, fier de ce qu’il a accompli sans jamais être appréhendé. L’auteur essaie, quant à lui, d’y ajouter une touche d’humour mais je trouve que cela tombe à plat, ça ne m’a pas fait rire ni même sourire.

Le rythme est assez inégal, entre chapitres rapides, qui nous donnent envie d’en savoir plus, et passages d’une lenteur exaspérante, à suivre une enquête qui piétine et le quotidien banal du grêlé.

Sans être un thriller psychologique ni proposer des cliffhangers de dingue, Tueur hors série se lit vite mais n’est pas vraiment palpitant. Je suis vraiment déçue.

Tueur hors série – Marc Jolivet – Editions Plon – 2023