Léonie – Marlène Charine

Note : 4.5 sur 5.

Chaque matin, derrière la lourde porte rouge et sa série de verrous, Léonie attend Raymond. Et ce depuis 5 ans, 11 mois et 30 jours. Raymond a kidnappé la jeune fille à la sortie d’une soirée, peu avant son bac. Depuis, Léonie vit à l’étage de sa maison, la cheville enserrée dans un bracelet métallique.
Mais ce matin, Raymond s’écroule. Crise cardiaque. Pour Léonie, c’est la panique. Toujours sous l’emprise mentale de Raymond, elle est incapable de sortir. Et si personne ne la croyait ? Et si tout le monde l’avait oubliée ? La voilà dans une maison isolée, seule avec un cadavre. Libre, mais pas libre.
Dans une clinique de la ville voisine, Diane lit à son frère, un excellent flic brisé par un accident de parapente, les dossiers qu’il aurait voulu résoudre, et notamment celui de la disparition de Léonie.
C’est alors qu’un corps est retrouvé dans la forêt…

Avis

J’adore ces romans où il suffit de dix pages pour vous agripper tant le rythme est rapide.

Deux histoires se déroulent en parallèle. Celle de Léonie maintenue en captivité par Raymond et dont on découvre le quotidien et l’état d’esprit, entre combativité, envies d’évasion et recherche d’apaisement. Mais aussi celle de Diane et de Loïc, hospitalisé suite à un accident de parapente. Possessive et jalouse, Diane veille inlassablement sur le coma de son frère, avec la volonté de se battre pour deux.

Marlène Charine arrive à nous ferrer dès les premières pages, en nous baladant dans le temps et à travers différents personnages. Dans ce jeu, on se laisse porter et on essaie d’établir des liens, d’imaginer le moment où les différentes histoires se rencontreront. Autant vous dire que c’est peine perdue.

Il faut dire que l’auteure sait y faire pour souffler le chaud et le froid. Si certains éléments passés expliquent le présent, d’autres données qui semblent hors propos viennent perturber nos hypothèses, comme ces flash info, qui apparaissent ponctuellement.

La psychologie des personnage est fouillée et réaliste. Enfermée, Léonie se détache de ses émotions pour survivre tandis que la mort de son ravisseur la libère de son emprise. Mais, seule face à un monde auquel elle n’a plus participé depuis 5 ans et dont elle ne connaît plus les règles, la peur se dispute l’envie de liberté, jusqu’à envisager de rester dans la maison de Raymond dans laquelle elle se sent en sécurité. Un comportement qui peut être difficile à comprendre en tant que lecteur.

Diane aussi se débat avec ses démons. Pour elle, cela prend la forme d’une enfance passée sous silence, enfermée dans une boite cadenassée que l’on refuse d’ouvrir. Un arrangement avec les faits pour pouvoir continuer à vivre mais qui, tôt ou tard, apparaît au grand jour.

Sans jugement, Marlène Charine raconte ces vies brisées, mises entre parenthèses, et la folie qui peut découler de ces malheurs.

Un vrai coup de cœur et une auteure que je vous invite à découvrir. En ce qui me concerne, Léonie est ma première rencontre avec Marlène Charine mais j’ai déjà placé ses deux précédents romans dans ma whish-list.

Remerciement aux Editions Calmann-Lévy pour cette découverte.


Léonie – Marlène Charine – Editions Calmann-Lévy – 2022

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