Martine, une aventurière du quotidien – Laurence Boudart

Note : 4 sur 5.

Cette éternelle petite fille sage, âgée pour toujours d’une dizaine d’années, inventée pour les éditions Casterman en 1954 par l’auteur Gilbert Delahaye et le dessinateur Marcel Marlier, au coup de crayon si souvent imité mais si rarement égalé, s’est posée en véritable phénomène de l’édition sans jamais avoir accompli d’exploit héroïque, si ce n’est de perdurer et même d’évoluer au fil des époques sans se faire remarquer.
A moins cependant que l’on ne regarde sous une autre échelle la notion d’épopée ou, mieux encore, que l’on ose considérer à nouveau, comme un enfant, les domaines de l’anodin, du banal et du quotidien pour ce qu’ils sont : des terrains de jeux où surgissent sans cesse d’infinies et authentiques aventures.

Avis

Le personnage et les albums de Martine ont marqué mon enfance de façon indélébile, au même titre que Tintin. C’est donc tout naturellement que je me suis intéressée à l’ouvrage de Laurence Boudart, une manière de revoir ces histoires avec un œil adulte et un regard critique.

Et on peut dire que Martine est devenue une véritable institution avec 60 albums réalisés entre 1954 (Martine à la ferme) et 2010 (Martine et le prince mystérieux), le tout grâce à des créateurs de génie : Gilbert Delahaye aux scénarios et Marcel Marlier aux illustrations.

Si le personnage de Martine a évolué au fil des albums, certains éléments restent immuables. Martine est une petite fille sage, éveillée et dynamique. Curieuse, elle aime apprendre de nouvelles choses. Elle baigne dans une atmosphère positive et bienveillante marquée par une certaine aisance matérielle. Tous les ingrédients sont présents pour que les petites filles s’identifient à ce personnage.

L’insouciance liée à l’enfance fait partie intégrante des histoires. Et on se rend compte que Martine n’est jamais confrontée à la misère ou à de réels dangers. C’est une héroïne un peu particulière puisque, dans ses aventures, il n’y a pas de quête ou de problème à résoudre, elle-même n’a aucun super-pouvoirs. Au contraire, elle vit des aventures simples du quotidien (découvrir les animaux du zoo, apprendre à cuisiner, déménager, etc.). Et c’est ce qui rend ces histoires universelles puisqu’elles peuvent concerner tous les enfants, à un moment donné de leur vie.

Personnellement, j’ai toujours été intriguée par l’âge de Martine. Alors que l’on pourrait penser qu’elle a toujours 7-8 ans, Laurence Boudart nous apprend qu’en réalité, son âge oscille, selon les albums, entre 4 et 12 ans!

Plusieurs reproches ont été adressés à Gilbert Delahaye et Marcel Marlier concernant l’image de la femme qui était véhiculée à travers leurs albums. Le reproche principal portant sur le maintien des filles dans un carcan stéréotypé (les tenues assorties associées à l’élégance féminine) et domestique (les tâches ménagères et l’éducation des enfants). Il est vrai que Martine vit dans une famille classique pour l’époque, à la répartition des tâches très conventionnelle.

Et notre petite Martine nationale n’a pas échappé à la polémique! Bien que les albums soient plutôt moralisateurs, et en cela totalement dans l’esprit de leur époque, la présence de la fameuse petite culotte blanche a provoqué bien des débats, certains estimant ce détail trop provoquant.

Une des caractéristiques des albums de Martine tient dans le fait qu’ils sont indépendants les uns des autres et que la série ne doit pas obligatoirement être lue dans l’ordre. Si on ajoute à cela le fait que je les ai lus dans les années 80 et 90, je ne m’étais pas rendue compte de leur ancrage dans leur époque. C’est grâce à cet ouvrage de Laurence Boudart que je prends conscience que les scénarios et dessins sont directement inspirés de l’époque concernée (arrivée des électroménagers ou de la télévision dans les foyers, avènement des congés payés et des premières vacances, émergence du camping, développement de nouveaux moyens de locomotion ou intérêt pour la protection de la nature…).

Martine, une aventurière du quotidien est un ouvrage très instructif, qui permet de mieux comprendre pourquoi Martine est entrée dans l’inconscient collectif, attirant des lecteurs de tous âges.

Pour celles et ceux qui souhaitent prolonger ce moment de lecture et apporter une dimension culturelle à ce mois belge, sachez qu’un musée est consacré à l’œuvre de Marcel Marlier à Mouscron (Belgique) et qu’une sculpture en bronze à l’effigie de Martine et Patapouf est à découvrir à Tournai (Belgique).

Sur ce, je vais de ce pas me replonger dans les albums de mon enfance…

Remerciement aux Editions Les Impressions Nouvelles pour cette lecture.

Une lecture réalisée dans le cadre du mois belge.


Martine, une aventurière du quotidien – Laurence Boudart – Editions Les Impressions Nouvelles – 2021

3 commentaires sur “Martine, une aventurière du quotidien – Laurence Boudart

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  1. Bonjour, est-ce un titre pour le mois belge ou l’auteure n’est-elle pas Belge ? Si c’est pour le mois belge, ce serait bien de le préciser ? Je me fous de la présence du logo ou pas, mais au moins le signaler ? Merci !

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